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Affichage des articles du juillet, 2009

Vie scolaire

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Paris, rue d'Alesia, juillet 2009. Les élèves du collège sont en vacances depuis plusieurs semaines, mais les écrits exposés qui régentent leurs jeunes années restent présents sur les vitres des portes d'entrée. Pour le touriste de passage, ces affichettes ouvrent sur un univers effarant. Un monde où il existe des "feuilles bleues d'élèves sans carnet", dans lequel un oubli ou une négligence de protocole peut conduire à perdre une heure de sa vie au fond d'une salle de classe aux murs blancs. Un monde peuplé de formulaires, de routines criblées d'inscriptions, de contrôle d'entrées et de sorties. La consigne, datant du 9 janvier, a due être imprimée, signée et affichée après un semestre entier d'épuisantes contrevenances : l'élève doit signaler avant midi qu'il est présent dans l'établissement. Comment, en effet, pourrait-il en sortir alors qu'il n'y a pas officiellement pénétré ? "- Mais Madame, vous voyez bien que je suis

Une bouteille à la Loire

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Saumur, entre deux ponts, juillet 2009. C'est une arrivée sous la pluie, dans une ville inconnue. Une veste de travail sur la tête pour se parer des gouttes, des chaussures à talons hauts torturant les pieds. Mais il faut continuer d'avancer, vaille que vaille, trouver le gîte et le couvert pour vite se réchauffer. Pas un chat dans les rues. Une voix perce le rideau glacé et j'aperçois une silhouette rose qui s'agite à la fenêtre d'un rez-de-chaussée. "Mademoiselle, Mademoiselle!" Une grand-mère se tient debout, sa main me fait signe d'approcher. "- Est-ce que vous pouvez entrer un moment chez moi, j'ai un service à vous demander. - Je n'ai pas vraiment le temps d'entrer, mais que puis-je pour vous aider ?" (Je n'ai pas du tout l'intention de m'attarder, mais je ne résiste pas aux mamies roses.) Elle parle tout à coup si bas que je suis obligée de m'avancer au-delà de la limite où le corps de l'autre ne peut pl

Compostage

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Train Corail 12301 Paris-Compiègne, 6h45. "Dans quelques instants, je passerai dans les voitures. Si vous n'avez pas composté votre billet, merci de vous présenter à moi avant le début des opérations de contrôle." La voix grésillante se faufile dans mes oreilles et se mélange au goût amer du café trop matinal. Damned ! Il va falloir que je me farcisse le contrôleur au lieu de me lover au creux des sièges, mon polar à la main. Avec sa casquette de LAPD Styleco, sa chemise violette et le frais visage de celui qui a l'habitude de se lever tôt, je sens qu'il va m'énerver. Une page, un coup d'oeil. Un paragraphe, un coup d'oeil. Une phrase... Le voilà qui passe, en trombe. Quand je suis debout, il est déjà dans le wagon suivant. Une vraie petite bombe, cet ange du rail. Je le rejoins en essayant de ne pas me rétamer sur les voyageurs qui dorment — les bienheureux. "Monsieur ! Bonjour, je n'ai pas composté mon ticket." Je ne remercierai jamais

Echéance

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Paris, 13è arrondissement, juillet 2009 L'univers des HLM est peuplé d'habitants sans mémoire. La première semaine du mois passée, quand le salaire se fait attendre et que les allocations ont du retard, ils oublient de payer leur loyer. Heureusement, une affichette scotchée à la porte vitée est là pour rappeler la date d'échéance à tous ces insouciants. Chaque fois qu'ils entrent ou sortent de l'immeuble, les lettres violettes leur sautent au visage, comme le souvenir d'un mauvais rêve ressurgissant par bribes au creux de la journée. Mise à part la sommation à l'impératif, les rédacteurs de l'affichette ne semblent pas accorder d'importance au soin de formuler des phrases. Un titre, des dates, un lieu et le logo du bailleur en guise de signature suffisent à produire un effet. Pour ne pas lasser les habitants et risquer de passer du côté du décor, les couleurs de l'affichette changent tous les mois : mars vert, avril jaune, mai rose, toujours dans